Hélène de Montgeroult, compositrice Lyonnaise

Une Lyonnaise inconnue à connaître

Avez-vous déjà entendu parler de Hélène-Antoinette-Marie de Nervo de Montgeroult ? Au 17 de la rue de la Charité dans le deuxième arrondissement, se trouve un bel hôtel particulier. Il manque une plaque commémorative sur le mur en pierre de taille, et les agents des visites Cybèle se proposent de la rédiger :

Ici naquit en 1764 Hélène de Montgeroult, pianiste, enseignante et compositrice, pionnière de la musique romantique

Elle est née à Lyon, et un an plus tard sa famille déménageait à Paris, mais il nous semble tout de même que c’est à mentionner ! 

Pour accompagner cet article en musique, voici les œuvres d’Hélène de Moutgeroult magnifiquement interprétées par la pianiste Clare Hammond.

Une éducation aristocratique pour une future marquise

Issue de parents nobles depuis peu, vivant à Lyon et ayant des terres dans le Beaujolais et dans les Mont d’’Or, elle reçoit une éducation aristocratique. Très tôt elle apprend la musique. Le piano-forte (ou le clavecin) sont des instruments qu’on enseigne aux jeunes filles. On en joue assise, ce qui est une tenue convenable pour une femme. L’instrument ne déforme pas le visage, ce qui évite les expressions trop marquées et donc inappropriées (nul ne voudrait voir une femme les joues gonflées par un hautbois ou un autre isntrument à vent…). On ne fait pas face au public qui ne voit l’instrumentiste que de profil, ce qui permet de garder l’humilité demandée aux femmes. 

Chez la plupart des jeunes filles, la pratique se limite à un apprentissage laborieux, pour les plus acharnées quelques morceaux peuvent être joués lors de soirées mondaine, mais pour Hélène de Montgeroult, une vraie vocation se déploie et elle joue énormément. Tout son entourage admire son jeu. Elle grandit, se marie, devient marquise et continue à progresser jusqu’à dépasser tous ses maîtres. 

Mais c’est une aristocrate. Or, les aristocrates ne doivent pas avoir un métier. Ils ont une fonction à tenir, et exercer un métier les empêcheraient de mener à bien leur fonction. Elle ne donne pas de concert, mais elle joue dans son salon. Et tout le monde veut l’entendre jouer. Des instrumentistes de renom se pressent et viennent jouer avec elle. Elle développent une grande amitié musicale avec certains dont le violoniste Giovanni Battista Viotti.

Une carrière fulgurante

À la Révolution Française, sa vie bascule. Et pour cause, son époux est exécuté et elle est emprisonnée. La légende raconte que face à ses juges Révolutionnaire, elle aurait réussi à échapper à l’échafaud grâce à son interprétation et à ses improvisations sur la Marseillaise ! Elle aurait ainsi convaincu ses bourreaux de lui laisser la vie sauve. 

Ni une ni deux, elle devient « enseignante de première classe homme » au conservatoire. Seule femme à ce poste à son époque, payée au même salaire que ses collègue hommes (c’est suffisamment exceptionnel pour le souligner) ! Et puisqu’elle ne recule devant rien, elle écrit une méthode d’enseignement du piano. Cette méthode accompagnera les plus grands. Sa mémoire a été soigneusement effacée tout au long du 19e siècle mais certains musicologues spécialistes pensent que sa méthode aurait été utilisée encore très longtemps après sa mort, certains professeurs auraient pillé son contenu pour leur propre méthode sans la citer… Schumann et Mendelssohn l’ont forcément eu entre les mains. 

Elle compose aussi de nombreuses œuvres, des sonates, notamment. Elle crée et théorise tout une nouvelle pensée musicale. Elle invente des motifs qui créent une nouvelle langue propre au piano. On les pense aujourd’hui inventés par Chopin, Schumann et Mendelssohn, mais elle les composait 20 ans avant eux. Elle serait le chaînon manquant entre Mozart (musique classique) et Chopin (musique romantique).

C’est difficile à affirmer mais lors d’un séminaire de deux jours organisé par le CNSMD (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse) de Paris, un invité a affirmé entendre des réminiscences de Hélène de Montgeroult dans des compositions (bien plus tardives) de Debussy.

Bref, une petite plaque sur son immeuble de naissance pour se souvenir d’elle, ne serait pas de trop !

Et sinon.

Ah oui, et à côté de ça, Hélène de Montgeroult est née aristocrate, a perdu son statut pendant la Révolution, a été emprisonnée, a travaillé, puis a tenté de retrouver son rang d’avant la Révolution. Elle a été mariée 3 fois, été veuve 2 fois, a divorcé une fois, a mis au monde un enfant. 

Pour en savoir plus, vous pouvez regarder ce reportage.

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