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Lyon

Lyon, capitale de la rose ou du navet ?

Carte Postale Semences Leonard Lille
Affiche publicitaire pour les établissements Léonard Lille, vers 1930.

C’est le printemps, nos jardins (ou nos jardinières) reprennent peu à peu des couleurs, les magnolias (par centaines) sont en fleurs dans les rues de Lyon, alors parlons d’Histoire et de botanique !

Non, cet article ne parlera pas de mauvais cinéma, mais bien des navets qui poussent dans la terre et des nombreux autres fruits et légumes qui foisonnaient autrefois dans la région lyonnaise.

Peut-être avez-vous déjà entendu dire que Lyon était la capitale de la rose ? (So romantic, isn’t it ?) Mais savez-vous comment est née cette épopée végétale dans la région ? Et saviez-vous qu’elle concernait aussi les légumes ? C’est sur que Lyon capitale du topinambour, ça aurait moins bien sonné…

Bourse Magnolia
Le palais de la bourse, mars 2021

La guerre des sociétés scientifiques

Dans la deuxième moitié du 18e siècle, à Lyon se crée une Société (comprendre association) Royale d’agriculture… Cette association rassemble des scientifiques, des propriétaires terriens et des aristocrates “éclairés”. Sur ce coup là, Lyon n’est pas en avance sur son temps, ça existe déjà dans toutes les grandes villes du royaume… mais elle va rattraper son retard et bientôt, plusieurs entités se créent et entrent en émulation. Chacune veut perfectionner son savoir scientifique, analyser ses expériences, décortiquer le vivant. Des expositions et concours sont organisés pour montrer les inventions et les nouvelles variétés horticoles.

Parmi les figures remarquables, on compte au 19e siècle Alexis Jordan (qui a un joli parc à son nom à Villeurbanne). Il est considéré comme le fondateur du principe des micro-espèces (ou jordanons, oui oui, humble le mec !). Dans les grandes lignes (et dans la limite de mes capacités scientifiques) : là où en son temps tout le monde ne répertoriait qu’une espèce, lui il en différenciait plusieurs. C’est un précurseur des études populationnelles… bref, il travaille méticuleusement dans son jardin botanique à répertorier, décrire, hybrider, isoler, faire se reproduire les espèces pour en comprendre le fonctionnement génétique.

Dans la deuxième moitié du 19e siècle une scission se fait au sein de la principale société d’horticulteurs… la concurrence commence, chacun organise des grands rendez-vous annuels pour montrer ses inventions et la course aux variétés est en marche… C’est dans ce foisonnement que Lyon devient capitale de la rose !

La roseraie de la Tête d’Or – vers 1950 – AML

Lyon capitale de la rose… mais pas que !

On fait des roses de toutes les couleurs, de toutes les formes, avec beaucoup de pétales, ou peu, on redouble d’ingéniosité pour faire de nouvelles expériences… mais cet enthousiasme mêlant science et botanique a également eu un impact sur la nourriture, et bientôt l’horticulteur-grainetier Léonard Lille invente… La courge-Patate !

Affiche publicitaire pour les établissements Léonard Lille, vers 1930.

La courge-patate de M. Lille est un exemple parmi tant d’autres. Comme pour les roses, on mélange, on hybride, on sélectionne… et toutes ces variétés inventées dans la région prennent des noms du coin. La gloire des Charpennes (une tomate), le long noir de Caluire (un navet), la blonde craquante de Pierre-Bénite (salade Batavia), et bien d’autres. Au début du 20e siècle c’est l’apogée, il y a des centaines de variétés exploitées dans le Lyonnais. Certaines villes pour augmenter le rendement se spécialisent : les cardons de Vaulx, les melons de Bron, les concombres et cornichons de Villeurbanne, les poireaux de Solaize…

Puis l’heure du déclin sonne.

Après la première guerre, on commence à produire différemment. Il faut s’orienter vers la monoculture. Il faut sélectionner les variétés les plus efficaces, les plus rentables, les moins fragiles. Et peu à peu on perd les centaines de variétés développées sur le territoire. On les perd toutes.

Vavilov et le CRBA

Toute ? Non. Car à Saint-Pétersbourg, un certain Nikolaï Ivanovitch Vavilov (ci-après nommé Niko) avait jugé bon de récupérer des graines du monde entier et de les conserver. Aujourd’hui l’institut Vavilov de Saint-Pétersbourg conserve des graines. Parmi elles se trouvent plus de 257.000 graine que Niko avait récolté lors de ses expéditions à travers le monde. Et parmi ces expéditions, il y a Lyon qui était alors connue dans le monde entier (enfin, le monde de la botanique, hein, on ne s’emballe pas), pour être à la pointe de l’innovation !

Tiroirs de stockage des graines d’Avena (Institut Vavilov)

Sur le territoire lyonnais nous pensions que c’était fini, que nous retrouverions jamais cette richesse, mais le Centre de Ressources Botanique Appliqué (ci-après nommé CRBA) découvre l’existence de plus de 250 graines dans le conservatoire.

Aujourd’hui, grâce au CRBA et à tous ceux qui participent au projet Vavilov, on essaye de replanter ces variétés anciennes de fruits et légumes sur le sol lyonnais. Peut-être qu’un jour nous pourrons regoûter aux saveurs d’antan. Peut-être qu’une biodiversité pourra se redéployer grâce à ses graines conservées il y a maintenant plus d’un siècle !

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Chez Cybèle, on espère bien manger de la courge-patate un jour !

En attendant on vous en parle de tout ça dans notre visite gastronomique et théâtralisée aux Halles Paul Bocuse : « Gones & Grattons » !

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