La petite histoire des noms des quais du Rhône
Nous continuons notre balade le long des fleuves lyonnais, cette fois-ci nous remontons le Rhône et ses quais rive droite, de la confluence à la Tête d’Or. Voici l’histoire de leurs noms.
Quai Perrache
Le quai doit son nom ni à la gare SNCF, ni au magnifique centre d’échange sous lequel passe l’autoroute, mais à Antoine Michel Perrache. Il était sculpteur et ingénieur lyonnais au 18e siècle. C’est lui qui dessine et mène les travaux dès 1772 pour prolonger la presqu’île au sud en contraignant la Saône et le Rhône. Les travaux finissent bien longtemps après sa mort, au milieu du 19e siècle. On donne au nouveau quartier le nom de Perrache.
Bon … heu… le quai Perrache… pour le moment il y a encore l’A7, ce n’est pas encore l’endroit idéal pour une balade à pied !
Il y a bien sûr les anciennes prisons Saint-Paul et Saint-Joseph reconverties en lieu de savoir, l’Université Catholique s’y est installée. Moins connue peut-être, la Cité Perrache. Quand on leur parle de cité ouvrière ou de cité HBM des années 1930, les Lyonnaises et Lyonnais (et Villeurbannaises et Villeurbannais) ont en tête le quartier des Etats-Unis ou des Gratte-Ciel.
Mais le long de Perrache, il y a aussi une cité HBM (Habitation à Bon Marché, ancêtres des HLM). Pour la petite histoire, puisque le quartier avait des bains douches, les architectes n’ont pas jugé utile d’installer des salles de bain dans les appartements.
Quai du Docteur Gailleton
Le quai du Docteur Gailleton, c’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus ! Précision, il était médecin au 19e siècle, et surtout maire de Lyon de 1881 à 1900.
L’A6 a délaissé le Rhône, le quai prend un aspect un peu plus calme… quoique avec des 2 x 4 voies ce n’est pas non plus les berges de la Tête d’Or.
Au sud du quai, le viaduc SNCF fut le seul pont sur le Rhône à Lyon à n’être pas complètement détruit par l’armée allemande en 1944. On s’en servit même un temps pour y faire passer… les voitures et les piétons !
Le quai Gailleton change de physionomie tout au long du 20e siècle. A la place du Lycée Récamier (Juliette de son prénom, née à Lyon, on vous racontait son histoire ici) il y avait une fabrique de cigarettes ; à la place du Sofitel, l’hôpital militaire Desgenettes ; à la place de la Grande Poste, l’hôpital de la Charité et le quai s’appelait alors… quai de la Charité !
Quai Jules Courmont
Jules Courmont était un médecin et biologiste lyonnais, à cheval entre les 19e et 20e siècle.
Le quai Jules Courmont longe l’Hôtel-Dieu, ancien hôpital de Lyon (d’ailleurs on mène une visite contée), malgré le fait que Jules Courmont oeuvra beaucoup avec le maire Edouard Herriot et l’architecte Tony Garnier pour la construction de l’hôpital Grange Blanche… et surtout la destruction de l’Hôtel-Dieu !
Pour la petite histoire, Jules Courmont vivait… quai Gailleton !
Devant l’Hôtel-Dieu, il y avait une morgue flottante. On ne vous en dit pas plus, nos amis des Rues de Lyon vous raconte très bien cela en BD.
Quai Jean Moulin
Faut-il présenter Jean Moulin ? Sinon courrez chez nos amis du CHRD !
Avant, il s’appelait le quai de Retz, du nom du cardinal de Retz, sous Louis XIV.
Au niveau de la passerelle du collège, il y a le Lycée Ampère, ancien Collège des Jésuites (qui ne le bâtirent pas eux-mêmes mais en prirent la direction pendant la Contre-réforme catholique au 16e siècle). On peut dire que c’est le plus vieil établissement scolaire de la ville encore en activité ! Louise Labé, dit-on y a été élève. En passant devant, c’est le moment d’écouter un de ses sonnets.
Quai André Lassagne
Le quai s’appelait quai Saint-Clair. André Lassagne fut résistant : il fut arrêté à Caluire en même temps que Jean Moulin. André Lassagne est libéré des camps en 1945. Après la guerre il entre au conseil municipal de Lyon et au conseil départemental du Rhône et devient sénateur du Rhône.
Au début du quai, place Tolozan, on a découvert dans les années 1990 une épave gallo-romaine, des années 30 de l’ère commune. A ce moment c’était seulement le deuxième vestige d’une embarcation gallo-romaine retrouvée en France… la première le fut 1808 !
Après il y a le tunnel de la Croix-Rousse (on vous en parlera en détail dans un prochain article) et ce n’est pas l’endroit le plus calme non plus pour se balader à pied…
Deux traboules relient la rue Royale (au 5 et au 21) au quai Lassagne (au 3 et au 11) : une occasion de (re)lire notre article sur l’origine des traboules.
Cours D’Herbouville
Charles Joseph Fortuné d’Herbouville fut un militaire et homme politique et surtout préfet du Rhône sous Napoléon Ier.
Edouard Herriot, maire de Lyon y a vécu au n°1, de 1902 à 1957. Il y a son portrait en médaillon avec un texte le rappellent au dessus de la porte, il y a été arrêté le premier octobre 1942. Un opposant politique le surnommait méchamment “le Périclès du cours d’Herbouville”.
Le quai est aussi tristement connu pour ses catastrophes : deux éboulements de la colline de la Croix-Rousse le 8 mai 1932 aux n°51-52 et le 31 juillet 1977 aux n°14-15. Vous reconnaîtrez facilement le 14-15 en passant devant : l’architecture des années 1980 dénote quelque peu avec celle du 19e siècle…
Chose étonnante : les immeubles sont numérotés d’aval en amont, le contraire des autres quais lyonnais ! Pourquoi ? L’auteur de cet article cherche encore…
Après c’est Caluire, la ville de Lyon s’arrête là et notre article aussi.
Si vous voulez faire une pause pendant votre balade sur les quais et prendre un peu de hauteur, au bout du quai d’Herbouville, prenez la rue Joséphin Soulary qui devient vite la montée Joséphin Soulary avec un bucolique escalier.