🐣 Découvrez notre "Chasse aux lieux" des vacances !
Logo Cybele
Traboules

Les plus grosses légendes urbaines sur les traboules

Lumiere Au Bout De La Traboule Banniere

Le titre de cet article est vraiment trompeur. Vous pensez que vous allez lire des histoires invraisemblables que vous ne croirez évidemment pas ? Vous pensez découvrir des choses folles qui se racontent et dont vous n’avez jamais entendu parler ?

Que nenni. Vous allez lire ici probablement toutes les choses que vous pensez savoir au sujet des traboules, et qui malheureusement sont probablement toutes fausses.

Vous allez être déçu·e. Vous allez être dans le déni. Vous allez nous en vouloir. On le sait, et on s’excuse par avance. Si vous voulez continuer à rêver, ne lisez surtout pas cet article ! Car voici la triste réalité : il n’y a presque rien à dire sur les traboules. Voilà. C’est dit.

Giphy

Au sommaire de cet article :

  1. Les traboules sont des passages secrets
  2. Les traboules ont été conçues pour les tisseurs de soie
  3. Les traboules servent à protéger les rouleaux de soie de la pluie
  4. Les traboules ont servi pendant la résistance
  5. Le mot traboule vient du latin « trans – ambulare »
  6. Désolé 🙁
  7. Mais alors, faut-il visiter les traboules ?

Oui, tout ça, ce sont des légendes urbaines. C’est parti.

Les traboules sont des passages secrets

C’est la première petite légende urbaine, que l’on entend uniquement quand les gens s’adressent aux enfants. Non, les traboules n’ont à priori jamais été « secrètes ». À la Renaissance, chaque immeuble ou presque avait une traboule et pouvait être traversé : aucune chance que ce reste un secret.

Alors pourquoi a-t-on besoin de dire ça aux enfants ? Parce qu’on pense qu’ils vont trouver ça plus « cool » ? Sans doute. C’est très probablement pour cette même raison que toutes les autres légendes urbaines sont nées. Pour que les traboules aient l’air « cool » et intéressantes. La triste réalité c’est qu’on n’a pas grand chose à dire sur les traboules et proposer aux gens qui viennent des 4 coins du monde de visiter des couloirs, c’est moyennement sexy.

Giphy4

Les traboules ont été conçues pour les tisseurs de soie

Eh bien non, pas du tout. Déjà, parce que certaines traboules du Vieux-Lyon sont dans des immeubles du XVè siècle, et qu’on ne tissait pas la soie à Lyon à cette époque (on a commencé en 1536). Ensuite, parce qu’il y avait des traboules dans tout le Vieux-Lyon, de Saint-Georges jusqu’à Saint-Paul, et que les tisseurs de soie étaient très peu nombreux pendant le XVIè siècle, voire même complètement absents de certaines parties du quartier. Par exemple autour de Saint-Paul et de la place du change, on trouvait surtout des personnes assez fortunées, des marchands, des riches familles, pas vraiment des ateliers de tissage.

Vient ensuite, la question de la Croix-Rousse. C’est vrai, lorsque l’on a urbanisé les pentes et le plateau de la Croix-Rousse au 19e siècle, c’était pour y installer des milliers de canuts (les dits tisseurs de soie donc). Les habitants du quartier étaient donc nombreux à emprunter les traboules. Mais les habitants du quartier n’étaient pas tous des tisseurs, loin s’en faut. Et puis, compte tenu du fait qu’il faut plusieurs mois pour fabriquer un rouleau, on imagine qu’on ne se baladait pas avec un rouleau sous le bras tous les 4 matins.

Enfin, il y avait (et il y a encore un peu) des traboules dans une grande partie de la presqu’île et pas vraiment d’ateliers de tissage dans ce quartier.

Les traboules, on été conçues pour faire des raccourcis, aller tout droit, et comme les canuts vivaient dans le quartier, oui, ils les ont empruntées. Mais c’est une conséquence, pas une causalité.

Les traboules servent à protéger les rouleaux de soie de la pluie

Traboules Pour La Pluie

Vous êtes nombreux·ses à penser comme Brigitte, on le sait parce que vous êtes nombreux·ses à nous le dire en visite. Alors là, on n’a rien à vous dire à part : venez donc visiter les traboules avec nous un jour de pluie ! Vous verrez que de nombreuses traboules ont une grande partie à ciel ouvert dans la cour et vous protègent fort mal de la pluie. 🙂

Les traboules ont beaucoup servi pendant la résistance

Là, on s’attaque à la légende urbaine la plus tenace, celle qui provoque le plus de déni. Celle qui donnerait à nos belles traboules une place si importante dans l’histoire de France alors que pas vraiment. Ce qu’on peut dire, c’est qu’elles ont peut-être été utilisées, mais ni plus ni moins que des rues non couvertes et qu’il n’y a aucune source écrites pour affirmer ou infirmer ça.

L’historien Laurent Douzou, spécialiste lyonnais de la seconde guerre mondiale, nous le dit dans l’un de ses ouvrages intitulé « Lyon dans la seconde guerre mondiale ». Il dit très précisément ceci : « On lit souvent que la topographie de la cité répondait parfaitement aux nécessités du combat clandestin ; ses ruelles étroites et tortueuses, ses escaliers et ses pentes, ses fameuses traboules — successions de cours intérieures communiquant entre plusieurs rues — pouvaient aider à semer des poursuivants ou à rompre des filatures. C’est vrai mais sans doute assez anecdotique, peut-être même folklorique. » (p. 277)

On peut lire aussi, dans le célèbre ouvrage de René Dejean « Traboules de Lyon : histoire secrète d’une ville » le commentaire suivant : « Si vous questionnez des résistants, ils vous diront que la plupart des traboules n’étaient que de simples instruments temporaires et qu’aujourd’hui le souvenir s’estompe. Tous avouent qu’ils s’en sont beaucoup servi, mais à la question “desquelles”, les réponses deviennent souvent imprécises. »

Voilà. L’utilisation des traboules dans la résistance, on en parle on en parle, mais la réalité c’est qu’on a du mal à trouver des sources fiables. On est donc obligées de baser nos explications sur des « on-dits ». C’est d’ailleurs précisément comme ça que naissent les légendes.

Giphy1

Le mot traboule vient du latin « trans – ambulare »

Là aussi, beaucoup (nous compris) se sont basés sur l’explication du célèbre archéologue Amable Audin, mais Amable n’était pas linguiste (et même en tant qu’archéologue, de nombreuses choses qu’il a affirmées sont aujourd’hui remises en question grâce à l’évolution de la recherche). Les dernières hypothèses formulées notamment par le linguiste Xavier Gouvert nous disent que le mot viendrait plutôt d’un mélange d’argot entre les mots « traverser » et « débouler ». D’ailleurs, au XIXè siècle, on trouve l’expression « allée qui traboule » mais le nom « une traboule » n’existe pas.

On est désolées.

Voilà, quand on a débunké les seuls choses qui se racontent sur les traboules, il ne reste plus rien. Rien d’autre que de dire que les traboules sont des petits couloirs traversants qui servent de raccourcis.

Comme le dit notre ami historien Damien Petermann dans l’entretien qu’il a consacré au Washington Post : « Il n’y a vraiment pas grand chose à dire à leur sujet ce qui est assez étonnant. On les visite, on les montre, on explique à quoi elles servaient, ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas, et les gens les traversent. […] C’est devenu un élément incontournable de Lyon mais lorsqu’on creuse un peu, on ne trouve pas grand chose. »1.

Ce que nous dit aussi Damien Petermann, c’est que les traboules sont une composante forte de l’image touristique de Lyon depuis 30 ans environ, mais sur le plan patrimonial, on trouve vraiment peu de choses, et elles n’ont pas droit à plus d’honneur ou protection que les cours auxquelles elles sont toujours rattachées comme élément patrimonial.

Certain·es nous demandent : mais alors pourquoi est-ce qu’on raconte tout ça ?

On n’a pas de réponse très précise. Notre hypothèse, c’est que puisque les traboules sont devenues un élément MAJEUR dans la stratégie marketing pour vendre Lyon, on ne peut pas se contenter de dire que ce sont des couloirs. Il fallait bien en dire quelque chose de plus sexy, alors on a légèrement brodé sur le peu d’info qu’on avait, les influenceurs de l’époque ont fait le job, et voilà le travail.

Giphy3

Mais alors, faut-il visiter les traboules ?

Bien sûr ! Ce n’est pas parce que la majorité des choses qu’on raconte à leur sujet sont fausses, qu’il faut tout abandonner. Par contre, il ne faut pas nous demander à faire une visite qui ne vous parlera que des traboules parce que vous l’avez compris, on va vite s’ennuyer.

Ça vaut le coup de visiter les traboules parce que cela vous permet d’entrer dans de magnifiques immeubles. Que ce soit les riches immeubles de la Renaissance dans le Vieux-Lyon, les impressionnants immeubles de canuts du 19e siècle à la Croix-Rousse ou les beaux immeubles bourgeois du 18e ou 19e en bas des pentes et en presqu’île.

Quelques rappels importants :

  • La grande majorité des guides de Lyon (dont l’équipe Cybèle) ont signé une charte qui les engage à respecter la tranquillité des habitant·es du Vieux-Lyon et à ne pas s’arrêter pour faire des commentaires dans les traboules. Vous pouvez la consulter ici.
  • Quand on visite les traboules, on entre et on traverse en silence complet car des gens vivent là, ils endurent des groupes à longueur de journée, c’est très difficile pour eux. Beaucoup d’immeubles conventionnés sont des logements sociaux donc les gens n’ont pas forcément « choisi » d’être là, s’ils refusent un appartement qu’on leur propose, ils n’ont tout simplement plus le droit à un logement social. Soyez cool. Merci pour elles et pour eux.
  • Certaines traboules sont conventionnées, on a le droit d’y entrer. D’autres ne le sont pas, et même si elles sont ouvertes le matin pour le service, c’est interdit d’y entrer pour visiter car ce sont des lieux privés.
  • Les guides ne sont pas censées vous emmener dans les traboules privées, car elles sont privées. 🤷‍♀️ (Il n’y a, à notre connaissance, aucun passe droit de prévu dans la réglementation pour visiter les traboules).

Visiter les traboules avec Cybèle

Visite contée du Vieux Lyon
Pour
10 ans et +
Logo Cybele Vieux-Lyon

Visite contée du Vieux-Lyon

Discorde dans l'imprimerie
Voir la visite
Visite contée de la Croix-Rousse
Pour
10 ans et +
Logo Cybele Croix-Rousse

Visite contée de la Croix-Rousse

Jirôme ou la révolte d'un canut
Voir la visite
Visite théâtralisée du Vieux-Lyon
Pour
Adultes
Logo Cybele Vieux-Lyon

Visite théâtralisée du Vieux-Lyon

Grande Foire Royale !
Voir la visite

1 Texte d’origine de l’article en anglais « There aren’t many things to say about them, which is astonishing. We visit them, we show them, we explain what they were used for, what we know and what we don’t, and people pass through,” he said. “It’s become an unmissable element of Lyon, but when you dig a little bit, there isn’t a lot to find. »

Réserver une visite

Réservez votre visite insolite de Lyon

Newsletter

Chaque 1er mardi du mois,
les nouveautés, la programmation,
les invitations pour les visites test.

Inscription