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Lyon

La Chanson à Lyon de la Renaissance à la Révolution

Cybele Visite Musicale Et Contee Vieux Lyon Maternelles Credits Charles Pietri 8

Chez Cybèle, nous aimons pousser la chansonnette pendant nos visites. Souvent, la guide déploie ses plus belles harmonies pour donner du corps à l’ambiance historique, ou accentuer l’émotion de ce que vit le personnage du conte. Vous pouvez retrouver nos vocalises dans notre visite contée de la Croix-Rousse ou de Lyon sous l’occupation, entre autres. Nous terminons parfois notre visite théâtralisée du Vieux-Lyon par une chanson de taverne de la Renaissance.

Mais que chantait-on vraiment à la Renaissance à Lyon ? Au fil du temps, l’activité chansonnière reflète les préoccupations et les conditions de vie des lyonnais. Alors accordez les violes, accourez troubadours et ménestrelles et sortez vos flutiaux !

XVIe siècle : oh happy days

Dès l’époque romaine puis au Moyen-âge, à Lyon et dans toutes les cités du royaume de France, on chante. Les chansons ancestrales se transmettent oralement. Il y a donc très peu de traces de chansons lyonnaises avant l’arrivée de l’imprimerie dans la ville à la fin du XVe siècle. Au XVI ème siècle, la ville grandit encore. Lyon devient un carrefour culturel majeur. A la Renaissance, c’est “the place to be”. S’y croisent des artistes qui viennent d’Italie et des poètes qui viennent se faire éditer par les imprimeurs. 

Lyon est alors l’une des villes les plus importantes pour l’imprimerie, et par extension pour l’édition musicale. La plupart publient des partitions de musique religieuse. Mais certains se spécialisent dans les recueils de chansons. Chacun se bat pour proposer les meilleures playlists ! En bon DJ, l’imprimeur Jacques Moderne sélectionne les titres du hit parade et publie toute une série de recueils appelés “parangon de la chanson”, mélangeant tous les sujets (parmi lesquels la chanson sexuelle de Clément Janequin, intitulé “il estoit une fillette”, que nous diffusons avec goût dans notre visite historique et coquine). De quoi s’égosiller pour tous les goûts.

Les chansons sont en vogue et regroupent tous les thèmes : faits militaires, amour, beuverie, sexe et prostitution, critique du pouvoir, beauté de Lyon. 

Le poète Estorg de Beaulieu écrit des paroles “à la louange d’ung beau petit jardin sur Saone à Lyon appartenant à Maistre Françoys Layola, tres expert musicien & organiste.” :

Musiciens, prenez tous soing & cure
De venir veoir ce jardin, que Mercure
Laissa jadis quand au ciel s’en volla
A son cher filz Françoys Layola
Qui vos plaisirs et passetemps procure.

Estorg de Beaulieu

Les paroliers et musiciens composent des chansons spécialement pour les entrées royales dans la ville. Chacune de ces entrées royales est synonyme de teuf géante avec des spectacles pendant une semaine. On chante aussi pendant les messes, les processions religieuses, les fêtes. Les religieux introduisent des airs populaires dans les messes pour attirer les foules. Toutes les classes sociales chantent.

Au quotidien, les lyonnais vivent aussi en musique : des chanteurs de rue se pressent autour du pont du Change (le seul pont sur la Sâone en face de l’actuelle place du Change, toujours bondé). Ils s’accompagnent à la harpe. Les tavernes elles aussi fleurissent à la Renaissance, s’y croisent les soulards, les prostituées, les ménestriers et les ménestrelles. Ces musiciens et musiciennes indépendants louent leur services pour les fêtes publiques et privées et s’accompagnent au violon, à la flûte ou à la vielle entre autres instruments. 

L’alcool et la chanson font bon ménage et s’accompagnent presque obligatoirement l’un et l’autre. Si on boit, on chante. Suite à un pari, le poète Clément Marot écrit les paroles d’une chanson à boire pour son ami le poète Maurice Scève :

En m’oyant chanter quelquefois
Tu te plains qu’estre je ne daigne
Musicien, et que ma voix
Mérite bien que l’on m’enseigne
Voire que la peine je preigne
D’apprendre ut mi fa sol la
Que diable veux tu que j‘appreigne
Je ne bois que trop sans cela

Clément Marot
Image : Le Concert, Gerard van Honthorst, 1623.

XVIIe siècle : la tristitude

Puis, à la fin du 16e siècle, les guerres de religions mettent fin au rayonnement culturel de Lyon. Le centre de l’édition musicale passe de Lyon à Genève. La ville perd son rang de star du sound system et les poètes rejoignent d’autres horizons. Il ne fait plus si bon vivre à Lyon. La misère règne. Les révoltes du peuple et les pillages s’accumulent. Si l’on fréquente toujours les tavernes, le coeur est moins à la fête. Le poète lyonnais Georges Droux dit qu’ “En ce siècle néfaste, la foule, en écoutant les chansons et en les répétant, satisfait son désir de sentimentalité et, parfois, oublie un peu sa misère.” On chante toujours en buvant, avec un peu plus de mélancolie, comme dans cette chanson du poète Lyonnais Jacques Vergier  :

Quel feu, quelle ardeur me dévore
Depuis que ta main m’a versé, jeune Flore,
Ce vin dont mon goût est charmé !
D’un verre à moitié plein ma raison tu renverses
Non, ce n’est point du vin que tu me verses
C’est l’Amour même en liqueur transformé

Jacques Vergier

XVIIIe siècle : c’est le luth final

Par la suite, au XVIIIe siècle, la fabrique de la soie prend de l’ampleur. Les tisseurs de soie, les canuts, construisent leur propre répertoire de chansons. Si la chanson satirique existe déjà dans les siècles précédents et qu’on la chante dans la sphère privée ou pendant les fêtes publiques, la chanson prend une forme de critique sociale. Les canuts chantent pendant les révoltes, déjà avant la Révolution, ils critiquent le pouvoir. L’inventeur Jacques Vaucanson, inspecteur des manufactures de soie, propose une loi à l’avantage des riches marchands et au détriment des ouvriers. Les canuts l’accueillent à jets de pierre, il fuit ensuite la ville, et la menace continue de résonner en chanson :

Un certain Vaucanson
Grand Garçon
A reçu une patta (pot de vin)
De nos maîtres marchands
Gara gara la gratta (correction)
Si tombe entre nos mans.
Y fait chia los canards
Et la marionnetta,
Le plaison Joquinet
Si sort ses braies netta
Qu’on me le cope net !
Allons chez Montessuy
Ma fay ! Si nous échappe
Lo bogre sera fin.
Le faut mettre en échappe
Faisons en putafin (hachis).

Vaucanson échappe à la fureur des canuts mais les révoltes continuent, puis la Révolution arrive. Les paroles de Louise Labé et les canuts de Vaucanson se taisent et laissent place à d’autres airs. Mais dans les rues de Lyon, vous pourrez toujours compter sur nous pour leur donner la note. 

Les visites contées de Lyon dans lesquelles vous nous entendrez chanter :

Visite contée : la vie à Lyon sous l'occupation
Pour
10 ans et +
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Visite contée : la vie à Lyon sous l’occupation

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Visite musicale et contée du Vieux-Lyon pour les maternelles
Pour
3 – 6 ans
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Le Vieux-Lyon pour les maternelles

Alphonse et le lion Spaghetti
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