L’aérodrome de Bron 🛩

Bonjour, je suis l’aérodrome de Bron.

Je ne suis pas le premier lieu dans l’agglomération lyonnaise à avoir accueilli des avions.

Dès 1907, à Villeurbanne au lieu-dit la Poudrette, entre la route de Genas au sud et la ligne de chemin de fer, il y a une activité d’aéroplane. En mai 1910, la grande semaine de Lyon-aviation attire même 100 000 visiteurs. On dit que l’épouse du maire Édouard Herriot est alors la première lyonnaise passagère d’un aéroplane…

Le succès de cette fête internationale encourage les pionniers locaux ! La commune voisine, Bron (c’est chez moi) convainc le maire de Lyon, le préfet du Rhône et le gouverneur militaire d’installer un aérodrome. Il y a à Bron, commune encore bien rurale à l’époque, des terrains agricoles qui ne valent pas grand chose, entre la route de Grenoble, le fort de Bron.

En 1910, est inaugurée sur ces terrains l’école nationale d’Aviation. C’est une première partie de moi. Bientôt l’armée envoya chez moi des élèves-pilotes militaires.

Pendant la Première Guerre mondiale, je suis loin du front et je deviens un aérodrome d’essais des prototypes destinés à l’armée.

En 1920, le ministre de l’Aéronautique prescrit l’acquisition de terrains à Chassieu juste à côté de moi, pour ouvrir une halte aérienne civile.

En 1929, la CCI en obtient la concession et fait construire de nouveaux hangars. L’Écho de Paris en 1930 titre : “la plus grande aérogare du monde est inaugurée à Bron”. Hey baby !

Je suis alors un aéroport de conception très moderne et je deviens même un lieu de promenade pour les Lyonnais : je possède alors un bureau de presse international, une boutique de souvenirs, un restaurant, de type buffet, un bar, un bureau de poste et un office de tourisme.

Je me développe pendant les années 1930, malgré la crise. Depuis chez moi, on peut aller à Bordeaux (avec une escale à Clermont-Ferrand), en Suisse et en Allemagne (avec une escale à Genève), en Afrique du Nord (avec une escale à Marseille) ou en Algérie (avec une escale à Perpignan), et encore en Angleterre, en Belgique et aux Pays-Bas (avec une escale à Paris).

Mais en 1939 , la Seconde Guerre mondiale éclate !

Le 12 mai 1940 je suis bombardé par les avions allemands. En 1944 cette fois-ci ce sont les Américains qui me bombardent. Je ne suis plus que ruines. Ou presque : seuls subsistent les deux hangars que vous pouvez voir à proximité du magasin Castorama. Hé ! quand même, ces deux hangars construits entre 1925 et 1927, sont aujourd’hui parmi les plus anciennes installations aéroportuaires de notre pays.

A la fin de la guerre en 1944 : on déterra des corps d’un charnier, 109 résistants et juifs assassinés par la Gestapo, amenés depuis la prison Montluc.

Le 6 juillet 1952 l’aviatrice Maryse Bastié était chez moi. Maryse Bastié était la première aviatrice française à accrocher de nombreux records à son palmarès et ses exploits étaient très médiatisés. Elle fait malheureusement partie des 7 morts dans l’écrasement d’un avion en démonstration lors d’un meeting aérien. Elle avait pris place en tant que passagère.

En 1974 c’est mon apogée, je relie le monde entier (ou presque) : Abidjan, Alger, Bâle, Barcelone, Belgrade, Bruxelles, Le Caire, Casablanca, Constantine, Dakar, Dublin, Francfort, Londres, Madrid, Milan, Oran, Rabat, Tanger, Tunis, Zagreb et Zurich…

Mais en 1975, Satolas, le nouvel aéroport bien plus vaste et bien plus à l’est, est inauguré. Je ne vous en parlerai pas ! Je ne l’aime pas ! Aujourd’hui, je suis toujours en activité et je suis quand même le troisième aéroport d’affaires de France, après le Bourget à Paris et Cannes.