L’usine TASE de Vaulx-en-Velin đ

Lundi 16 novembre 2020
Pendant le confinement, chaque jour une chanson ou une histoire ! Connaissez-vous l’usine TASE ? Elle existe encore, Ă cĂŽtĂ© de l’arrĂȘt de mĂ©tro « Vaulx-en-Velin la soie »…
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Lâusine SASE, usine des soies artificielles, plus tard appelĂ©e lâusine TASE se situe Ă la frontiĂšre entre Vaulx en Velin et Villeurbanne. Elle a ouvert en 1924. Le travail y Ă©tait pĂ©nible. Le site avait Ă©tĂ© construit Ă©loignĂ©e de ville Ă cause de lâodeur nausĂ©abonde qui sâen dĂ©gageait en permanence. Pour attirer les ouvriers, on avait construit des habitations Ă proximitĂ© immĂ©diate. Ils avaient tout ce quâil fallait pour vivre confortablement. LâĂ©picerie, lâĂ©glise, le terrain de boule lyonnaise, des maisons confortables avec des jardins⊠et un foyer pour accueillir des jeunes filles, la maison de famille Jeanne dâArc. Voici comment on y vivait.
Je mâappelle Hanna, je viens de Hongrie. Jâai 15 ans, je suis arrivĂ©e il y a deux ans en France. Je commence Ă mây faire et Ă mieux parler le français. Je suis partie de Pologne parce que mes parents ne pouvaient plus nourrir toute la famille. Ici câĂ©tait pour moi une opportunitĂ©. Je travaille pour lâusine et en contrepartie on me loge, on me nourrit, on mâĂ©duque. Je peux me constituer un trousseau.
Quand je suis arrivĂ©, jâai Ă©tĂ© saisie par lâodeur suffocante mais aprĂšs quelques jours, je mây Ă©tais habituĂ©e. Ma famille me manque, surtout ma petite sĆur. Je nâai pas de nouvelles dâeux. JâespĂšre que ça va.
Je nâai pas le temps de mâennuyer ici. Nous sommes dans cette maison, 300 filles entre 13 et 18 ans. Nous travaillons Ă lâusine sur le finissage de la viscose. Et quand on nâest pas au travail on a des cours de couture, de cuisine, de repassage⊠il y a aussi la chapelle pour les messes et le catĂ©chisme, une bibliothĂšque…
On a aussi un jardin oĂč lâon peut se retrouver avec mes amies. Mais jâaime parfois mieux trouver le calme dans ma petite chambre. Elle fait 9 mĂštres carrĂ©s mais elle nâest que pour moi. Pendant la journĂ©e, il y a la garderie. Tous les enfants des 3000 ouvriers de lâusine sont gardĂ©s dans le bĂątiment, ça fait pas mal de bruit.
Je ne touche pas ma paye mais les sĆurs la rĂ©cupĂšre. Une partie va pour le bon fonctionnement de la maison et lâautre est mise de cĂŽtĂ©. Quand je repartirai, jâaurai un petit pĂ©cule dâargent. Les sĆurs qui sâoccupent de nous sont parfois un peu dures.
Mon amie Louise peut sortir de temps en temps parce que sa famille nâhabite pas loin. Moi je dois rester ici. Si tout va bien, si jâarrive Ă garder une bonne discipline, les sĆurs mâaccorderont quelques jours de vacances Ă la fin de lâannĂ©e. Louise mâa proposĂ© de venir chez sa famille Ă Villefranche-sur-SaĂŽne. Je vais bien me tenir, jâai hĂąte.
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