La petite histoire des visites Cymoche

Il était une fois, en septembre 2020, une équipe Cybèle au bord du nervous break down. Cette année-là, comme tout le monde, on naviguait à vue, on ne savait pas ce qu’on aurait le droit ou pas de faire, on ne savait pas de quoi le futur serait fait, on ne savait pas si c’était la fin de notre boite.
Un soir de déprime au bureau…
L’équipe est réduite de 5 à 3 personnes. Ce soir-là, on essaye d’inventer une visite un peu exceptionnelle pour faire revenir du monde. On brainstorme pour trouver quelque chose qui ne nous demandera pas trop trop de préparation, mais qui sera quand même sympa, intéressant, drôle aussi parce qu’on a besoin de rigoler.
Et on ne trouve pas.
Et de désespoir, quelqu’un lance :
– « De toutes façons, c’est tellement la merde cette année, on n’a qu’à faire une visite de merde, ça collera bien avec 2020, et puis on fera visiter les lieux les plus moches de la ville avec des histoires toutes pourries !
Silence.
– Bah vazy on a qu’à faire ça. C’est quoi le lieu le plus moche de la ville ?
– L’échangeur de Perrache.
– Parfait, on va faire une visite moche de l’échangeur de Perrache.
– Ah ouais trop bien et on racontera que les trucs qui ont raté.
– Excellent, on pourrait même appeler ça les visites Cymoche ! »
Et c’est ainsi qu’en 2020, naquirent les visites Cymoche.

Des lieux moches, des histoires nazes, des quiz à la con.
Un lancement à l’image de ce projet : difficile et presque raté.
C’est l’agente L. alias Lucille qui est chargée d’écrire cette visite mais à peine a-t-elle commencé à travailler qu’elle attrape le COVID. Elle travaille confinée en quarantaine chez elle entre 2 siestes et quintes de toux.
Puis finalement la visite est écrite, on fait quelques tests en interne. Masquées bien sûr.


On lance la com, on rencontre un succès fou, toutes les places se vendent en quelques heures, mieux qu’un concert de Taylor Swift. Mais alors que le jour de la première approche, de nouvelles annonces gouvernementales tombent. Devant la recrudescence des cas de COVID, un couvre-feu est instauré dès 21h.
Problème, les visites Cymoche sont programmées le soir et ne laisseront pas le temps aux gens de rentrer chez eux. Il faut donc tout décaler, un vrai bonheur.
Le succès, et la 2e visite Cymoche
Finalement, la visite Cymoche de l’échangeur de Perrache est un succès. On ne passe que dans des lieux glauques, on parle de tous les grands ratés, et surtout on rigole beaucoup. Ça nous permet d’apprécier la pluie et le mauvais temps (une visite Cymoche sous un soleil radieux, c’est vraiment pas cohérent), bref. Le public adore et l’équipe Cybèle s’amuse beaucoup à mener ces visites.
Et comme l’année 2021 qui pointe son nez ne s’annonce pas beaucoup plus radieuse que 2020, on décide d’écrire une 2e visite Cymoche à la Part-Dieu ! Même succès, même joie d’arpenter tous ces lieux improbables, miracle des années 70, du béton et du brutalisme…


Notre meilleur poisson d’avril
En avril 2021, devant le succès des visites Cymoche, on décide de faire un beau poisson d’avril. Probablement notre meilleur à ce jour. On annonce que la ville nous a envoyé une mise en demeure d’arrêter les visites Cymoche car après la crise du COVID, il faut relancer le tourisme et que les visites Cymoche nuisent à ce projet. Les réactions sont immédiates, un ÉNORME soutien nous est témoigné, bien que ce ne soit qu’un poisson d’avril. On vous met le post ci-dessous, n’hésitez pas à aller lire les commentaires !
Les embiernes* commencent
*embiernes = les soucis (parler Lyonnais)
On entend de plus en plus parler d’embellissement de Perrache, de grands travaux bientôt lancés pour rénover l’échangeur. HORREUR ! Comment continuer une visite Cymoche dans un lieu devenu beau ?
On commence à envisager le pire. Et alors qu’on continue de programmer des visites de temps en temps, on voit les travaux progresser, on se demande si notre parcours va encore pouvoir être disponible.
Après quelques annonces en grande pompe de la métropole, il faut se rendre à l’évidence. Bientôt, les travaux vont nous empêcher de continuer. On programme donc la toute dernière visite Cymoche de Perrache. D’ailleurs, ce jour-là, le jardin suspendu sur le toit où on termine est inaccessible. On finit avec une belle photo aux têtes d’enterrement pour la dernière Cymoche de Perrache.
En parallèle, on continue les visites à la Part-Dieu mais là aussi, il y a de plus en plus de travaux d’un côté, et des lieux de plus en plus dangereux de l’autre. On sent que le moment fatidique approche.
Cet été 2024, l’immense plateforme sur laquelle on commençait notre visite disparaît complètement, et de l’autre côté, il y a de plus en plus de trous dans les dalles, on manque de tomber à chaque fois qu’on fait un repérage, on se demande si notre public ne va pas se fouler une cheville. Il faut se rendre à l’évidence. La visite Cymoche de la Part-Dieu va devoir s’arrêter elle aussi.
Le cimetière des visites Cybèle
Les deux visites Cymoche ont donc rejoint notre cimetière des visites. Certaines personnes nous ont demandé : « mais pourquoi est-ce que vous n’en faites pas d’autres ? Il y a bien d’autres lieux moches à Lyon ! » Et c’est vrai que les lieux et les idées ne manquent pas. Ce qui nous manque, c’est le temps.
Les visites Cymoche ont vu le jour dans un contexte particulier où l’activité était à l’arrêt, et où on avait le temps d’écrire plusieurs visites dans l’année. Mais désormais, nous avons repris une activité normale, nous n’avons le temps d’écrire qu’une seule visite par an, et notre calendrier de prod est déjà complet pour les 2 années à venir…