La rĂ©volte des canuts de 1831 – #1 🏴

Vendredi 20 novembre 2020
Il y a 189 ans, la première révolte des canuts commençait à la Croix-Rousse. Premier épisode, les jours qui ont mené à la révolte du 21 novembre 1831.
Retrouvez l’Ă©pisode #2 ici, et l’Ă©pisode #3 ici.
👉 Pour nous soutenir : achetez un bon cadeau pour une visite insolite de Lyon !
Ce texte est composé d’extraits de “Les révoltes des canuts (1831-1834)” de Fernand Rude, paru aux éditions La Découverte
La Révolution de 1830 fut un espoir pour les canuts. Vivre mieux de leur travail, être mieux payés par les soyeux. Mais cet espoir fut vite déçu. Le journal ouvrier L’Echo de la Fabrique résumait la situation : “Autrefois les gros mangeaient les petits, à présent les petits sont mangés par les gros”.
A l’automne 1831, la situation économique s’est améliorée après la crise de 1825-1826, mais les prix que touchent les canuts n’ont pas augmenté.
Le 8 octobre, environ 300 canuts se réunissent à la Croix-Rouse : on y décide d’exiger des soyeux l’augmentation des salaires et d’imposer un tarif minimum.
Le 10 octobre, une deuxième réunion, cette fois-ci c’est 1.500 chefs d’ateliers qui se réunissent.
Dès les jours suivants, le général commandant militaire de Lyon, le maire, le Préfet, pèsent de tout leur poids pour que les revendications des canuts soient adoptées, on craint des émeutes.
Le 15 octobre, le principe du tarif est admis. C’est un prix minimum, sous lequel les soyeux ne pourraient plus descendre pour acheter les rouleaux de soie aux canuts.
Le 21 octobre, sous la présidence du Préfet, a lieu la première réunion d’une commission mixte composée d’un nombre égal de soyeux et de canuts. Mais les soyeux déclarent que pour élaborer un tarif, ils n’ont aucun mandat de leurs confrères… La séance est ajournée. Le soir, plusieurs centaines d’ouvriers parcourent le quartier des Capucins, en bas des pentes de la Croix-Rousse, où se trouvent les principales maisons de soyeux. Ils crient : “Au Rhône les fabricants !”.
Le 25 octobre, nouvelle réunion à la Préfecture (alors place des Jacobins). Pendant que s’ouvrent les débats, six mille chefs d’atelier et compagnons s’avancent des faubourgs vers la Préfecture. On crie “Vive les ouvriers !” et “Vive le Préfet !”. Le tarif est enfin adopté.
Le lendemain, le 26 octobre, le tarif n’est pas encore publié. Les ouvriers s’assemblent sur la place des Terreaux tandis que la garde nationale patrouille dans les rues.
Le 27 octobre, le tarif est enfin affiché : il entre en vigueur le 1er novembre.
Mais les soyeux font dĂ©jĂ entendre des protestations. Ils menacent de fermer leurs magasins, pour forcer l’ouvrier Ă leur faire quelque concession.
Les 2, 3 et 4 novembre, des canuts se rassemblent sur la place de la Croix-Rousse. On craint une émeute.
Le 5 novembre, une centaine de soyeux adoptent un mémoire destiné à la Chambre des députés : ils justifient la baisse des salaires par la concurrence et condamnent le tarif comme illégal. Certains soyeux refusent de faire travailler, répondant par le lock-out aux menaces de grève. L’un d’eux reçoit les canuts avec ses pistolets sur la table.
Le 17 novembre, le conseil des prud’hommes lit en séance une lettre du préfet que le ministre du Commerce avait rappelé à l’ordre : le tarif n’est qu’un “engagement d’honneur”.
La colère monte.
Le dimanche 20 novembre, a lieu une revue de la garde nationale. Dix mille hommes sont présents place Bellecour. La garde nationale est de composition presque exclusivement bourgeoise dans les quartiers du centre, tandis que dans le Vieux-Lyon, à la Croix-Rousse et à Guillotière, elle est surtout formée de canuts chefs d’ateliers. Aux remarques insultantes des soyeux sur les uniformes des canuts, bien moins riches que les leurs, des canuts répondent par des menaces.
Le 21 novembre, entre sept et huit heures du matin, des rassemblements se forment Ă la Croix-Rousse.
Retrouvez toutes nos « Histoires et Gognandises Lyonnaises » sur notre calendrier de confinement, ou en podcast : Spotify, Deezer, Apple Podcasts, Soundcloud.