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La destruction du pont de la Guillotière 🛡

Samedi 25 avril 2020

Pendant le confinement, chaque jour une chanson ou une histoire ! Aujourd’hui, l’histoire de la destruction du pont de la Guillotière par les Trois Rois.

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Jusqu’à la fin du XIIe siècle, il n’y avait qu’un seul pont à Lyon. Le pont de la Saône ou Pont du Change. Pour franchir le Rhône, il fallait prendre un bac. Le Rhône, tumultueux et violent, avec ses crues régulières ne permettait pas la construction d’un pont. Et puis, disons le, on n’en voyait pas vraiment la nécessité. Mais dans la deuxième moitié du XIIe siècle, le trafic augmente. Les marchands italiens, commercent avec la Champagne et dans le coin passent par Lyon pour ensuite remonter au nord. Il faut retrousser ses manches, prendre son courage à deux mains et commencer le long et laborieux chantier. Mais laissons la parole à Jacquot, un ouvrier ayant travaillé sur le chantier.

“Moi j’ai bossé comme un dingue sur ce chantier. Pendant très longtemps. Il fallut s’y reprendre à plusieurs fois !

Déjà on avait pas les moyens. Il fallait que les gens donnent de l’argent. Que les religieux fassent la quête pour la construction. Et forcément ça se fait par étape. Bon, de plus en plus de riches se disait que ça développerait pas mal la richesse de la ville et qu’ils pourraient tirer leur épingle du jeu si les marchands italiens passaient par là mais bon… ça a coûté bonbon !

Et puis surtout on savait pas bien comment s’y prendre. Vous auriez vu la largeur du Rhône à ce moment là ! Il était au moins deux fois plus large que ce que vous connaissez. Il fallait un pont super long, en bois, c’était pas gagné hein…
Et encore ça c’est quand il restait dans son lit parce que le débit était parfois hyper fort. Ça débordait tout le temps. À chaque crue on devait tout arrêter pour pas perdre tous les ouvriers noyés dans le fleuve. Heureusement j’avais d’autres chantiers pour nourrir les p’tits. Et puis souvent les crues abimaient notre travail. Il y avait des parties entièrement détruite à reconstruire complètement. On a failli baisser les bras plusieurs fois, moi je vous l’dis !

Bon et puis on a accéléré un peu le chantier pour la troisième croisade. Richard Coeur de Lion, Philippe Auguste et Barberousse ? ou Conrad de Bavière. Vous avez pas l’air d’être trop sûrs. Moi j’étais là, mais qu’est ce que j’en sais de la tête qu’ils ont ces gens là. Bon en tout cas c’était un germain !

Bref on a travaillé comme des brutes. Mon copain Jean y est resté d’ailleurs. On a bossé un jour de grand vent parce qu’il fallait avancer. Il s’est mal accroché, il s’est fait emporter dans le fleuve. Pis je sais pas si c’est le mâchecroute ou quoi mais il a été emporté dans les profondeurs… Pauvre Jean. C’était un honnête gars.

Enfin bref, on était content d’être prêts pour le passage des trois rois. Après tant d’effort, ça y est, il pourrait accueillir les trois rois qui partaient en croisade ! Moi à leur arrivée j’étais comme un dingue. On s’est réuni avec les copains du chantier pour voir ça. C’était l’aboutissement !

On était sur les berges boueuses côté hôpital. On était pas les seuls ! Il y avait un monde fou. Tous les yeux rivés sur les rois qui traversaient. Les rois sur leurs chevaux ont fait vibrer les planches de bois et les piles des ponts tremblaient sous les sabots de leurs chevaux à leur passage. Mais ce qu’on n’avait pas anticipé c’est qu’ils étaient pas que trois les bougres. Y’avait aussi une foule d’accompagnateurs. Quand ils sont arrivés au milieu du pont, j’ai commencé à avoir des doutes. On s’est regardé avec les copains. J’ai vu l’ami Baudoin lever les sourcils et j’ai lu l’angoisse dans ses yeux. Les bases du pont n’étaient pas du tout faites pour un tel poids… Les rois ont rejoint la terre ferme… on était soulagés mais à peine avait-ils posé le pieds sur le sol, que… CRAC ! Un énorme bruit avait retentit et les planches étaient tombées les unes après les autres… des hommes tombaient dans l’eau, d’autres allaient les sauver, plongeant tête première dans le Rhône… Moi je sais pas nager. Les rois eux étaient allés se mettre à l’abris dans une auberge dans la rue que vous avez appelé rue des 3 rois… Nous on pouvait reprendre tout le chantier… Bon on s’est dit qu’on allait peut-être essayer de faire des pilier en pierre pour voir si ça tient mieux. »

Merci pour ce témoignage monsieur. Ce n’est pas la seule catastrophe qu’il y ait eu sur ce pont, on vous raconte ça bientôt !

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