Justin Godart đ

aJeudi 19 novembre 2020
Pendant le confinement, chaque jour une chanson ou une histoire ! Le nom de Justin Godart vous dit peut-ĂȘtre quelque chose si vous habitez sur ce petit bout de montĂ©e qui porte son nom Ă la Croix-Rousse. Mais sa vie ne cesse de croiser l’histoire de Lyon et l’histoire de France.
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Je suis un vrai gone. Je suis nĂ© en 1871 Ă Lyon. Je fais mes Ă©tudes au LycĂ©e AmpĂšre et ma thĂšse de droit porte sur LâOuvrier en soie. Je mâinscris au Parti radical-socialiste et je deviens adjoint au maire Victor Augagneur en 1904.
Pour la petite histoire, quand le maire Victor Augagneur dĂ©cide de laisser son siĂšge de maire pour devenir gouverneur de la colonie de Madagascar, il prĂ©fĂšre Edouard Herriot Ă moi pour lui succĂ©der, il pensait que ce serait plus facile de rĂ©cupĂ©rer son siĂšge Ă son retour de Madagascar…
Moi, je deviens député en 1906.
Jâai Ă©tĂ© pour la journĂ©e de travail de 8h, pour la rĂ©glementation du travail de nuit des femmes, dĂšs 1933 je prĂ©side lâOeuvre de secours aux enfants juifs.
Sur le front pendant la Guerre, avec un mĂ©decin lyonnais, Edmond Locard, je crĂ©e un centre de formation pour les personnels de santĂ©, il sâagit alors dâapprendre Ă soigner de nouvelles blessures causĂ©es par les nouvelles armes. Je fonde aprĂšs la guerre la Ligue contre le cancer.
Dans les années 1920, je retrouve Edouard Herriot, comme ministre, lui est devenu président du Conseil.
Je suis trĂšs fier dâavoir accompagnĂ© les cendres de JaurĂšs dâAlbi au PanthĂ©on, câĂ©tait en 1924, il avait Ă©tĂ© lĂąchement assassinĂ© en 1914.
Je participe aussi aux travaux de lâAssociation internationale pour la protection lĂ©gale des travailleurs, câest une association privĂ©e fondĂ©e Ă Paris en 1900. Cette association est Ă lâorigine de la lĂ©gislation internationale du travail, qui aprĂšs la guerre devient lâOrganisation internationale du Travail, OIT.
Mais je nâoublie pas Lyon. Je suis un des promoteurs dâun musĂ©e dâhistoire de la ville dans lâhĂŽtel Gadagne ; et jâai aussi participĂ© Ă la crĂ©ation du musĂ©e de la marionnette au mĂȘme endroit. Eh oui ! Nous sommes la ville de Guignol ! Dâailleurs jâĂ©cris plusieurs livres sur lâhistoire lyonnaise dont un sur Laurent Mourguet, le crĂ©ateur de Guignol ; et câest grĂące Ă moi quâil y a le buste de Laurent Mourguet et de Guignol dans le Vieux-Lyon.
Mes autres livres portent sur les révoltes des canuts en 1830 et des Voraces en 1848.
Bon câest vrai mon livre le plus connu, mais Ă©crit sous pseudonyme, câest La Plaisante Sagesse lyonnaise. En voici un exemple : âVaut mieux prendre chaud en mangeant que froid en travaillantâ.
Jâai créé la SociĂ©tĂ© des Amis de Guignol, puis l’AcadĂ©mie des Pierres PlantĂ©es. Voici un extrait des statuts : « tout nouvel acadĂ©micien devra revĂȘtir les habits de Guignol et autour d’un mĂąchon, devra entretenir les traditions lyonnaises ». VoilĂ qui donne la couleur !
Je suis encore plus fier de faire partie des 80 parlementaires Ă nâavoir pas votĂ© les pleins pouvoirs Ă PĂ©tain en 1940.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, je suis rĂ©sistant au sein du mouvement Front national (qui nâa rien Ă voir avec le parti de Le Pen je prĂ©cise…).
Je suis le maire provisoire de Lyon Ă la LibĂ©ration et je suis lĂ aussi trĂšs fier dâaccueillir De Gaulle Ă Lyon le 14 septembre 1944 qui dĂ©clare depuis le balcon de lâHĂŽtel de ville que Lyon est la capitale de la RĂ©sistance. Quand Edouard Herriot revient dâAllemagne en mai 1945 (oĂč il Ă©tait otage), je lui remets lâĂ©charpe de maire. La politique, câest fini pour moi alors, jâarrĂȘte.
De ma vie politique, je retiens finalement une plaisante sagesse lyonnaise : âLe tout c’est pas d’y faire, c’est d’y penser ; mais le difficile, c’est pas d’y penser, c’est d’y faire.â
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