Interview de Jean-Baptiste Goiffon đ©ș
Lundi 20 avril 2020
Pendant le confinement, chaque jour une chanson ou une histoire ! Aujourd’hui, nous avons interrogĂ© Jean-Baptiste Goiffon, ancien mĂ©decin du 20e siĂšcle.
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Aujourdâhui, Mesdames et messieurs nous allons entrer en communication avec le fantĂŽme de Jean-Baptiste Goiffon, mĂ©decin lyonnais du 18e siĂšcle et il va rĂ©pondre Ă quelques questions⊠D’abord invoquons son esprit⊠Attendez⊠Ah, je crois que ça fonctionne…
Bonjour.
Bonjour Docteur, alors vous avez Ă©tĂ© mĂ©decin, mais on me dit que ce nâest pas la seule ligne importante Ă votre CV.
En effet, je suis mĂ©decin de formation et de profession mais jâai Ă©galement Ă©tĂ© Ă©chevin. Câest un peu comme vos conseillers municipaux, la diffĂ©rence principale Ă©tant que nous nâĂ©tions pas Ă©lus mais nommĂ©sâŠ
Il semblerait que vous avez eu un rÎle particuliÚrement important lors de la derniÚre grand épidémie de peste ayant frappé notre pays. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui en effet ! câĂ©tait il y a trĂšs exactement 300 ans. En 1720.
Les lyonnais ont eu beaucoup de chance que je sois Ă©chevin Ă ce moment lĂ . Je pense, en toute modestie bien sĂ»r, que sans moi, la peste aurait frappĂ© la ville trĂšs durement. Voyez-vous, beaucoup ne voyaient encore quâune seule façon dâĂ©chapper Ă lâĂ©pidĂ©mie : faire un voeu Ă la vierge. Je nâai rien contre cette pratique en soi mais il me semble que la quarantaine est un peu plus efficace.
Vous avez donc mis en place une quarantaine ? Les lyonnais étaient confinés chez eux comme en 2020 ?
Pas tout Ă fait. Cette Ă©pidĂ©mie venait de Provence. Il y avait normalement un protocole trĂšs strict lorsque des bateaux arrivaient de zones contaminĂ©es. Malheureusement en 1720, un bateau accoste Ă Marseille chargĂ© dâĂ©toffes et de marchandises prĂ©cieuses prĂȘtes Ă ĂȘtre vendues lors de la grande foire de Provence qui dĂ©marrait quelques jours plus tard. Le capitaine du bateau a prĂ©sentĂ© ses papiers pour quâon le mette en quarantaine avant le dĂ©chargement car il arrivait dâun pays infestĂ© par le virus. Mais les marchands on refusĂ© dâattendre car la foire commençait. Ils ont dĂ©chargĂ© le contenu du bateau, et la peste a commencĂ© Ă se rĂ©pandre dans toute la Provence Ă une vitesse incroyable !
Et elle nâa pas touchĂ© Lyon ?
Non heureusement, nous avons mis en place un quartier de quarantaine fermĂ© aux portes de Lyon, lĂ oĂč se trouve votre port Ădouard Herriot, au sud de Gerland. Toute personne qui arrivait du Sud et qui voulait entrer dans Lyon devait dâabord effectuer un sĂ©jour de quarantaine dans ce quartier. Câest ainsi que nous avons empĂȘchĂ© la peste dâentrer dans la ville. Câest dâailleurs la derniĂšre fois que la peste a touchĂ© notre pays.
On dit que vous avez Ă©tĂ© bactĂ©riologiste avant lâheure…
Hum oui câest presque ça. Ă mon Ă©poque, le concept de virus, de bactĂ©rie nâĂ©tait pas du tout acquis. On pensait encore que la maladie se diffusait dans lâair. NĂ©anmoins jâavais le pressentiment que des sortes de tous petits animaux, des corps vivants minuscules, Ă©taient les responsables de la contagion. Des animaux tellement petits quâon ne pourrait les voir Ă lâoeil nu. Mes successeurs les ont appelĂ©s âanimalculesâ. Je crois que vous les nommez âmicrobesâ.
Merci Monsieur Goiffon. Pour terminer, nous aimerions vous proposer notre traditionnel questionnaire lyonnais : Si vous étiez une rue de Lyon, vous seriez ?
Je ne serais pas une rue Lyonnaise mais de Sainte-Foy-les-Lyon. Rue du chateau de bramafan : câest lĂ que je vivais.
Si vous étiez un musée lyonnais ?
Le musée des hospices civils de Lyon naturellement !
Ah⊠je suis dĂ©solĂ©e de vous lâapprendre, il a fermĂ© en 2010⊠Bon et quel autre grand mĂ©decin lyonnais auriez-vous aimĂ© rencontrer ?
Jâaurais Ă©tĂ© trĂšs honorĂ© de rencontrer Antonin Poncet, grand chirurgien qui a fait beaucoup pour la lutte contre les animalcules. Enfin, les microbes⊠Il a inaugurĂ© la premiĂšre salle dâopĂ©ration aseptisĂ©e ! Et puis nous avons tous les deux beaucoup travaillĂ© sur la tuberculose. Malheureusement, je suis mort 120 ans avant sa naissance.
Votre citation prĂ©fĂ©rĂ©e de vous-mĂȘme ?
« Ces petits corps vivants qui transportent la maladie sont Ă la mite ce que la mite est Ă lâĂ©lĂ©phant. Câest par la raison et non par les yeux que les mĂ©decins dĂ©couvrent les causes des maladies, il y en a peu qui ne soient invisibles. »
Ah oui, quel homme visionnaire vous faites ! Merci Docteur !
Merci Ă vous. Et bon courage avec votre Ă©pidĂ©mieâŠ
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