Pauline Jaricot đ

Lundi 23 novembre 2020
Pendant le confinement, chaque jour une chanson ou une histoire ! Aujourd’hui, Pauline Jaricot vous raconte sa vie.
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Bonjour,
je mâappelle Pauline-Marie Jaricot. Beaucoup dâentre vous ont sans doute dĂ©jĂ entendu mon nom. Surtout depuis que les lyonnais veulent faire de moi une Sainte⊠je ne sais pas si je suis prĂȘte pour cela mais je nâai plus mon mot Ă dire.
Jâai grandi au tout dĂ©but du 19e siĂšcle, dans une riche famille de la bourgeoise lyonnaise. JâĂ©tais coquette, jâaimais les belles robes et les bijoux. Et jâaimais surtout que lâon me complimente.
Ă lâĂąge de 15 ans, jâai fait une chute et jâai Ă©tĂ© trĂšs griĂšvement blessĂ©e. Les mĂ©decins ne savaient pas sâils allaient pouvoir me sauver. Ma mĂšre, dĂ©sespĂ©rĂ©e de savoir sa plus jeune fille chĂ©rie condamnĂ©e fait un vĆu Ă la Vierge. Elle donnera sa vie pour me sauver. Quelques mois plus tard, elle mourut. Et moi, je guĂ©rissait.
Une fois le deuil et la guĂ©rison passĂ©s, jâai recommencĂ© ma vie mondaine mais quelque chose au fond de moi me disait que ma vie nâĂ©tait pas lĂ . Un jour Ă la messe Ă Saint-Nizier, jâentends un sermon sur la vanitĂ©. Ce sermon me bouleverse. Je quitte alors mes belles robes, mes bijoux, pour mâhabiller le plus simplement possible. Au dĂ©but, jâavais honte de sortir ainsi. Et puis, je me suis rapprochĂ©e des ouvriers, des ouvriĂšres surtout. Jâai rencontrĂ© des filles de mon Ăąge, tout aussi brĂ»lantes de foi. Nous avons commencĂ© Ă prier ensemble. Nous appelions notre groupe âLes rĂ©paratrices du cĆur de JĂ©sus mĂ©connu et mĂ©prisĂ©.â
Quand mon frĂšre chĂ©ri, PhilĂ©as, tout nouvellement entrĂ© au sĂ©minaire, me dit quâil veut partir Ă©vangĂ©liser en Chine mais quâil manque dâargent, je me dĂ©mĂšne pour lui trouver une solution. Comment ne pas aider une mission si honorable et si pure !
Câest lĂ que jâai eu lâidĂ©e du sou. Chaque personne donne un sou, câest peu et câest accessible Ă tous. Mais surtout, chaque donateur doit trouver 10 autres donateurs, qui en trouveront 10 autres Ă leur tour. Chaque donateur fait passer son sou de main Ă la main, crĂ©ant une grande chaine humaine, obligeant les gens Ă se rencontrer. Ainsi, en quelques semaines, nous rĂ©coltons des milliers de Francs ! Jâai appelĂ© cette Ćuvre la âPropagation de la foi.â BientĂŽt, nous aidons la Chine, mais aussi la nouvelle OrlĂ©ans.
Je crois que cette grande Ćuvre a subsistĂ©, et quâelle existe toujours. Quel honneur, et quelle joie.
Sur le mĂȘme modĂšle, jâai créé une grande action de priĂšre collective : le Rosaire Vivant. Trop peu de gens voulaient prier le Rosaire alors pour rendre la tĂąche moins difficile, et collective, nous avons créé des groupes de 15. Les priĂšres du rosaire Ă©taient dĂ©coupĂ©es en 15 morceaux, et chacun recevait un petit morceau de priĂšre. Ainsi, nous Ă©tions unis autour de ces mĂȘmes mots, de cette mĂȘme passion et cette mĂȘme joie.
Câest Ă ce moment que jâai achetĂ© la maison de Lorette, cette belle demeure sur la colline, dans la montĂ©e Saint-SĂ©bastien. CâĂ©tait le bureau de notre Ćuvre du Rosaire vivant, et un piĂ©destal de verdure pour Notre Dame de FourviĂšre.
Je partageais bien souvent la vie des plus pauvres, des ouvriers. Je voyais leur condition, et je ne pouvais pas mây rĂ©soudre. Je voulais rendre leur dignitĂ© Ă ses ouvriers et ouvriĂšres qui se tuaient Ă la tĂąche. Jâai alors commencĂ© Ă imaginer une usine oĂč le travail serait rĂ©glĂ© avec prudence et rĂ©tribuĂ© selon la justice. Cette Ćuvre a Ă©tĂ© le dĂ©but de ma chute. Jâai voulu acheter une usine, on mâavait pourtant recommandĂ© les deux hommes qui mâassistaient dans cette tĂąche mais ce nâĂ©taient que des escrocs. Ils mâont ruinĂ©, et quand jâai tentĂ© de sauver le projet en demandant Ă des contributeurs de mâaider financiĂšrement, ils nous ont enfoncĂ© encore plus bas. J’ai tout perdu.
Jâai fini ma vie dans ma maison de Lorette, seule, et inscrite au registre des indigents. Je nâavais plus rien. Enfin, je connaissais la vie des plus dĂ©munis. Jâai passĂ© toute la fin de ma vie Ă essayer de me battre pour rembourser mes crĂ©anciers. Les plus petits. Les canuts. Ceux qui ne mâavaient donnĂ© que quelques sous, mais Ă qui ces sous faisaient grandement dĂ©faut.
Aujourdâhui, ma maison de Lorette existe encore. Et ce piĂ©destal de verdure que jâavais toujours imaginĂ© pour Notre Dame de FourviĂšre est lĂ . On lâappelle le jardin du rosaire. Vous verrez si vous vous y promenez, de petites plaques mĂ©talliques dans le sol. Un cercle avec un chiffre, et 10 petites roses. Ce sont les perles qui guident la priĂšre du Rosaire.
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