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La vérité sur les traboules 🗝

Podcast Histoires Et Gognandises Lyonnaises 1

Vendredi 30 avril 2021

Pendant le troisième confinement, pas de série d’histoire et de Gognandises, mais un épisode bonus ! Nous avons interviewé les traboules, aujourd’hui elles vous racontent toute la vérité !

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Aujourd’hui, pour cet épisode bonus, nous avons ENFIN réussi à interviewer les STARS de Lyon. Celles dont tout le monde parle, celles que tout le monde rêve de rencontrer, celles qui font rêver jusqu’aux touristes les plus lointains, comme les plus vieux lyonnais, j’ai nommé bien sûr…

LES TRABOULES !!

Nous sommes donc dans le Vieux-Lyon, et nous allons entrer dans une première traboule. Je suis au 27 rue Saint-Jean, voila je pousse la porte,… j’entre dans une cour magnifique avec un très bel enduit rose orangé, des galeries couvertes et derrière moi, une petite tour d’angle suspendue, magnifique.

– Euh… bonjour, y a quelqu’un ?

– Oui bonjour ! Bienvenue, entrez entrez, je suis ravie de vous accueillir. Ça va vous avez trouvé facilement ?

– Oui oui, on nous avait dit, fiez-vous a l’odeur de beurre a l’entrée, vous ne pouvez pas vous tromper !

– Ah oui c’est sûr, depuis que le pâtissier Pralus s’est installé ici, ça sent le beurre et le sucre de sa célèbre « praluline ».

Vous savez, j’en ai vu passer ici, des artisans, des commerçants, des riches banquiers… je suis la depuis la renaissance ! au 18e siècle lorsque les bourgeois ont commencé à délaisser le quartier pour aller en presqu’île, ce sont de pauvres gens qui sont venus habiter ici. des misérables, ne pouvaient pas se chauffer l’hiver et avaient à peine de quoi manger. J’ai eu tant de peine pour eux. Je me suis retrouvée en ruine, comme toutes mes consœurs, si bien que le maire Édouard Herriot a tenté de nous raser. j’ai eu si peur ! J’ai eu des amies, elles n’ont pas survécu…[pleure]

Finalement la plupart d’entre nous ont été sauvées, restaurées, maintenant nous sommes resplendissantes. Et on voit toutes les personnes qui entrent ici avec des yeux émerveillés pour nous voir, les sourires, les chuchotements d’admiration, les visages qui se lèvent… j’espère que nous pourrons encore procurer cette joie aux lyonnais et aux touristes de passage pendant longtemps.

– Ah oui nous aussi, c’était un plaisir d’entendre votre témoignage, nous allons donc vous traverser comme il se doit, et continuer pour aller rencontrer la plus célèbre de vos consœurs, la longue traboule.

– Ah !… eh bien… bonne chance…

Nous sortons donc par la rue des 3 maries, au numéro 6, et nous nous dirigeons maintenant vers la longue traboule. la plus célebre du quartier, elle ne donne presque jamais d’interview, c’est un véritable honneur, j’ai hâte, allons-y.

– Alors bonjour, euh, écoutez c’est vraiment une très très grande émotion pour moi de vous rencontrer vraiment MERCI Madame la longue traboule de nous accorder cet entretien exclusif. Vraiment, merci.

– Je vous en prie, c’est normal.

– Alors pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

– Bien sûr, je suis la longue traboule, je me situe dans le Vieux-Lyon entre le 54 rue Saint-Jean et le 27 rue du Bœuf, et comme mon nom l’indique, je suis la plus longue de toutes les traboules de Lyon.

– Nos auditrices et auditeurs sont très curieux et j’en suis sûr meurent d’envie d’en savoir plus. Si je puis me permettre, pouvez-vous nous dire à quoi servent les traboules ?

– Nous autres les traboules, sommes des couloir d’immeubles ouverts de 2 ou parfois 3 côtés. Notre nom vient du latin -trans qui veut dire à travers et -ambulare qui signifie marcher. Comme notre nom l’indique, nous servons à traverser les immeubles à pied.

[… silence, … ]

– Et… bien sûr vous semblez très modeste madame la longue traboule, mais vous servez aussi à bien d’autres choses, comme par exemple permettre aux canuts de protéger leurs rouleaux de soie de la pluie, etc.

[… soupire…]

[tout bas] “Je savais que j’aurais pas du accepter”… [à voix haute] Non, nous ne servons pas aux canuts pour se protéger de la pluie, ni à personne de se cacher, nous ne sommes pas secrètes, nous servons à traverser les immeubles. C’est tout.

– [gêné] Ah… c’est étonnant parce que j’ai lu sur internet que vous avez été construite pour…

– Bon, écoutez, je vais remettre les points sur les i une bonne fois pour toutes. Alors d’abord, personne n’a “construit” de traboules. Les lyonnais ont construit des immeubles, avec des couloirs pour rentrer dans ces immeubles et pour accéder aux cages d’escaliers. À un moment, on a prolongé le couloir jusque de l’autre côté de l’immeuble pour traverser. Dans certains cas, comme par exemple ici dans la cour ma plus centrale, ces couloirs sont le seul moyen de relier un bâtiment à la rue. Dans des endroits où la densité de construction est très élevée, c’était impossible de percer une rue à côté de chaque parcelle d’immeuble. En gros, l’immeuble était entièrement entouré d’autres immeubles, et le seul moyen pour entrer, c’était de traverser les couloirs des autres. Les traboules quoi.

– Ah bah écoutez merci pour cette explication très complète, vraiment. Donc vous pouvez nous dire quel est votre lien avec la soie ?

– Il n’y en a pas.

– Pas du tout ?

– Non.

– Vous êtes sure ?

– Parfaitement. On sait que le tissage de la soie a réellement commencé a Lyon en 1536. Et certaines de mes consœurs traboules datent de 1490, on pense même qu’il y avait des traboules encore avant cette date. On voit donc bien que nous n’avons pas été pensées pour ça.

– Mais les canuts à la Croix-rousse…

– Oui, des canuts habitaient à la Croix-Rousse, et comme à Lyon on avait l’habitude depuis la fin du Moyen-Âge d’avoir faire des couloirs traversants dans les immeubles, on a continué avec cette tradition de construction quand les immeubles de canuts ont été construits à la Croix-Rousse au 19e siècle. Avouez que c’est quand même pratique, sur les pentes d’une colline, au lieu d’être obligé d’emprunter les rues qui font de grands zig-zags il suffit de descendre tout droit à travers les immeubles, ça va plus vite, qu’on soit canut ou pas.

– Bon, et bien merci pour toutes ces précisions. Un dernier mot pour nos auditrices et auditeurs avant de nous quitter ?

– Ah oui. Nous en avons ASSEZ de voir tous ces gens irrespectueux entrer chez nous comme dans un moulin, brailler, crier, c’est terrible. Les gens n’ont plus de savoir vivre. Nous aimons le calme, tout comme les habitants des immeubles que nous traversons. Alors si vous entrez, veuillez le faire EN SILENCE, et si la porte est fermée, vous n’insistez pas. Vous savez, nombre d’entre nous ont fermé récemment car elles n’étaient pas respectées. La convention qui a été signée entre la mairie et les propriétaires des immeubles laisse les portes de certaines d’entre nous ouvertes en journée, mais n’oubliez pas que cette convention est tout à fait révocable !

– Euh bon ben je crois qu’on a bien compris. Merci on va devoir y aller la parce qu’on a rendez-vous avec une troisième de vos consœurs. Alors merci et puis… bah… au revoir

– Au revoir, et n’oubliez pas ! Nous fermerons si vous ne respectez pas les… [voix qui s’éloigne]

– Oulala. Pas commode hein. Je comprend pourquoi la première qu’on a vu nous a dit « bonne chance ». Enfin, allez, il y a une troisième traboule qui nous attend, nous nous rendons tout de suite au 2 place du gouvernement.

– [en chuchotant] Bonjour…

– Bonjour ! Entrez, entrez, ne soyez pas timide ! Allez-y, montez les marches, montez jusque dans la cour, voilà. Vous avez l’air tout apeurée…

– Oui on vient de sortir de chez votre consœur la longue traboule… pas commode hein !

– Ah ça c’est le moins qu’on puisse dire, elle est complètement acariâtre oui ! Bon en même temps, elle n’a pas tort, et puis il faut la comprendre, c’est la plus célèbre, il y a toujours un monde fou qui passe chez elle, je pense qu’elle nous fait un burn out.

– Et puis entre nous… vu l’intérêt artistique et architectural chez elle, elle doit pas se nourrir souvent du regard émerveillé des visiteurs haha…

– Dites donc, vous êtes dure… enfin, en même temps c’est vrai que c’est sacrément beau chez vous.

– Je sais ! Regardez moi cette grande cour intérieure, ces murs dorés qui réfléchissent la lumière du soleil, ce puits magnifique avec sa coquille… Et ma main courante ? Vous avez vu ma main courante ? Regardez le long des escaliers, au lieu d’avoir un vulgaire cordon accroché au mur, on m’a sculpté une main courante dans le mur… et vous pouvez levez les yeux… admirez cette voûte ! C’est pas magnifique ça quand même ?

– C’est vrai, c’est incroyable. Il y en a d’autres des comme vous ?

– Oui ! Plein ! Certaines de mes magnifiques consœurs se font discrètes mais ce sont de vrais bijoux. Et puis en réalité vous savez, pas besoin d’avoir une traboule et d’être traversante pour être belle. Par exemple, ne manquez pas d’aller voir le somptueux escalier en spirale du 10 rue lainerie, ça ne traverse pas mais c’est incontournable. Et puis l’incroyable galerie du 8 rue juiverie aussi. Quelle beauté !

– Ah oui, c’est ça qu’on appelle des « miraboules » ?

– Oh ça vous savez, c’est un mot qui a été inventé pour les touristes, il n’est même pas dans le dictionnaire. Moi je dirai plutôt des cours d’immeubles SUBLLIIIIMES, au moins on comprend mieux. Et puis entre nous, on s’en fiche de comment on nous appelle, non ? L’essentiel, c’est de pouvoir nous admirer !
Et je ne serai pas aussi sèche que l’autre aigrie de longue traboule mais elle a raison. Soyez discrets, soyez silencieux, soyez doux, admirez la beauté en silence… Belle balade !

Retrouvez toutes nos « Histoires et Gognandises Lyonnaises » sur notre calendrier de confinement, ou en podcast.

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