Ămile Guimet đș

Mardi 17 novembre 2020
Pendant le confinement, chaque jour une chanson ou une histoire ! Le nom de Ămile Guimet vous dit peut-ĂȘtre quelque chose si vous habitez Ă Lyon ou Ă Paris… Ăcoutez donc le rĂ©cit de cette vie richissime !
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Je ne sais pas dâoĂč vous mâĂ©coutez aujourdâhui mais mon nom ne vous Ă©voquera probablement pas Ă tous la mĂȘme chose. Je suis Ămile Guimet. Oui bon, il y en a sĂ»rement aussi Ă qui je nâĂ©voque rien du tout. Câest dĂ©plorable mais câest ainsi.
Aux parisiens, mon nom Ă©voque peut-ĂȘtre ce musĂ©e national des arts asiatiques-Guimet ? Pour les lyonnais, il vous fait peut-ĂȘtre remonter de vieux souvenirs de visites dans un drĂŽle de musĂ©e avec des os de mammouth aux dĂ©fenses montĂ©es Ă lâenvers ? Eh bien sachez que je suis Ă lâorigine de ces deux musĂ©es, et je nâen suis pas peu fier !
Jâai eu une vie bien remplie !
Je suis nĂ© en 1836. Mon pĂšre est lâinventeur du bleu outremer artificiel. Il a fait fortune grĂące à ça dans son usine Ă Fleurieu-sur-SaĂŽne. Ă 24 ans je reprenais son usine. JâĂ©tais passionnĂ© de sciences et je dois dire que jâĂ©tais plutĂŽt bon. Dâailleurs mon usine, deviendra plus tard le groupe Pechiney. Câest pas rien ! Bref, ça fonctionnait trĂšs bien, tellement bien que ça me laissait du temps, et de la thune, pour me consacrer Ă mes passions.
JâĂ©tais passionnĂ© de culture en gĂ©nĂ©ral : musique, art, théùtre, jâavais mĂȘme créé un orphĂ©on dans mon village. Un genre de chorale populaire si vous voulez ! Jâai Ă©crit des piĂšces de théùtre, composĂ© des musiques, j’avais mĂȘme fait construire un magnifique théùtre prĂšs de Bellecour pour mes reprĂ©sentations ! Plus tard je crois que ça a Ă©tĂ© le siĂšge du journal le ProgrĂšs. Et maintenant câest un grand magasin apparemment.
Jâadorais aussi les collections. DĂšs tout petit, jâaimais accumuler des objets !
Et je vous ai parlĂ© de mon amour des voyages ? Issue dâune famille bourgeoise, jâai Ă©tĂ© invitĂ© Ă voyager pour parfaire mon Ă©ducation et jâai tellement aimĂ© que jâai continuĂ© toute ma vie ! Je me suis pris dâamour pour les cultures dâextrĂȘme Orient. Alors je suis parti en Inde, en Chine, au Japon et jây ai achetĂ© de trĂšs nombreux objets liĂ©s au cultes et aux croyances.
Je mĂȘlais ainsi toutes mes passions :
Le voyage ; la culture puisque dans chaque pays je m’intĂ©ressais aux croyances, aux rites, aux objets dâart, les collections puisque je ramenais plein dâobjets et les sciences, puisque jâavais une vraie rigueur scientifique dans chacun de mes voyages. Mon dessinateur – oui je sais la photo est prometteuse mais moi je prĂ©fĂšre le dessin, câest plus fiable – Mon dessinateur donc renseigne avec prĂ©cision tout ce qui se passe lors des voyages. Mon traducteur, me permet de me renseigner correctement auprĂšs des populations locales sur leurs croyances.
Bon et avec tout ça, plus ma passion pour le social et mon envie dâaccompagner les ouvriers, je voulais que toutes ces dĂ©couvertes ne restent pas dans mon cabinet de curiositĂ©, mais que ce soit diffusĂ© au plus grand nombre.
Câest lĂ que jâai voulu crĂ©er, non pas un musĂ©e, mais un vrai centre sur les arts et cultures extrĂȘme orientales ! Avec lâexposition de mes objets, des renseignements Ă©crits sur chacun, une bibliothĂšque, une Ă©cole des langues, des reconstitutions de rite religieux chinoisâŠ
Jâai donc commencĂ© Ă construire ça sur mes propres deniers Ă Lyon, mais ça nâintĂ©ressait pas grand monde. Par contre Ă Paris ça a cartonnĂ© et face Ă ce succĂšs les lyonnais mâont rĂ©clamĂ©. Je leur ai sorti quelques objets qui faisaient doublon Ă Paris, et voilĂ pourquoi parisiens et lyonnais me connaissent !
Aujourdâhui vous pouvez voir une partie de mes collections au musĂ©e des confluences !
Et à tous ceux qui diront que je suis parti dans tous les sens avec mes mille passions, je vous cite un extrait de mes mémoires :
« Si j’ai fait de l’industrie, c’eÌtait pour eÌtre utile au peuple, si j’ai fait de la musique, c’eÌtait pour le distraire et lui donner le gouÌt de l’art, si j’ai fait des eÌcoles, c’eÌtait pour l’industrie ; si j’ai subventionneÌ des socieÌteÌ de secours mutuel, c’eÌtait pour le soulager de ses tristesses, et je vais vous expliquer que si je me suis occupeÌ de philosophie, si j’ai fondeÌ le museÌe de Religions, c’eÌtait pour donner aux travailleurs le moyen d’eÌtre heureux. De sorte que ma vie, qui semble un peu eÌparpilleÌe, a, je crois, une grande uniteÌ. Mon existence n’a eu qu’un but : aimer et servir les proleÌtaires. »
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