Pernette du Guillet 📓

Bonjour Je suis Pernette. Pernette du Guillet.

Oui je sais. Quand on parle de poétesse du 16e siècle à Lyon on parle toujours de Louise Labé, elle a même une rue à son nom aujourd’hui, parait-il. Pourtant il n’y avait pas qu’elle !

Je suis né autour des années 1520 dans une famille bourgeoise, dans la ville de Lyon en plein essor. Partout autour les imprimeurs et les libraires étaient présents. Autour de Saint Jean et dans la rue Mercière. La ville resplendissait de richesses pécuniaires et intellectuelle. Nous, les humanistes, nous nous réunissions régulièrement.

L’école lyonnaise vous appelez ça. On était tout un groupe d’hommes et de femmes, on se rencontrait chez les libraires ou chez les imprimeurs : Jean de Tourne, Sébastien Gryphe. Il y avait Clément Marot, Louise Labé, Maurice Scève… Ah… Maurice…

Certains remettent en question mon existence réelle. Comme celle de Louise Labé d’ailleurs. Je ne sais pas pourquoi on remet toujours en doute notre existence et pas celle de Clément ou de Maurice… C’est vrai qu’en temps que femmes on est plus discrètes dans les archives… pas de documents signés, pas de métier officiel, pas de propriété propre…

– D’ailleurs la personne qui se fait passer pour moi dans ce podcast est bien embêtée, elle n’a pas grand chose de précis à raconter sur ma vie – 

Ce silence des archives laisse place au mystère, certes, mais tout de même, j’ai été éditée ! N’est-ce pas là une preuve suffisante ?

Je me souviens de nos rencontres… On écrivait, on lisait à voix haute, on accompagnait nos vers avec des musiques…

En souvenir de ces belles années, je vous donne un de mes poèmes. Et en musique s’il vous plaît !

C’est une ardeur d’autant plus violente,
Qu’elle ne peut par Mort ni temps périr :
Car la vertu est d’une action lente,
Qui tant plus va, plus vient à se nourrir.

Mais bien d’Amour la flamme on voit mourir
Aussi soudain qu’on la voit allumée,
Pour ce qu’elle est toujours accoutumée,
Comme le feu, à force et véhémence :
Et celle-là n’est jamais consumée :
Car sa vigueur s’augmente en sa clémence.