La rĂ©volte des canuts de 1831 – #3 đŽ

Dimanche 22 novembre 2020
Il y a 189 ans, la premiÚre révolte des canuts avait lieu à la Croix-Rousse. TroisiÚme et dernier épisode, la révolte est matée.
Retrouvez l’Ă©pisode #1 ici, et l’Ă©pisode #2 ici.
đ Pour nous soutenir : achetez un bon cadeau pour une visite insolite de Lyon !
Ce texte est composĂ© dâextraits de âLes rĂ©voltes des canuts (1831-1834)â de Fernand Rude, paru aux Ă©ditions La DĂ©couverte
Aucun pouvoir ne fonctionne plus Ă Lyon : les autoritĂ©s « lĂ©gitimes » pas plus que les autoritĂ©s insurrectionnelles. Le prĂ©fet et lâarmĂ©e vont profiter des divisions des insurgĂ©s pour petit Ă petit reprendre la ville en main…
Le 26 novembre 1831, aprĂšs entente avec les chefs de section, le maire provisoire et le prĂ©fet annoncent quâune nouvelle commission mixte rĂ©visera le tarif avant le 15 dĂ©cembre.
Le 27 novembre, le prĂ©fet annonce une commande de 640.000 francs dâĂ©toffes dâameublement pour le compte du roi Louis-Philippe.
Le 28 novembre, tous les magasins sont ouverts et les ouvriers en soie, croyant tenir leur tarifs, commencent Ă reprendre le travail. Une proclamation du prĂ©fet annonce lâarrivĂ©e de lâhĂ©ritier du trĂŽne, le duc dâOrlĂ©ans, et demande aux ouvriers de revĂȘtir des habits de fĂȘte, que beaucoup nâont pas. Les meneurs les plus compromis dans lâinsurrection, dĂ©couragĂ©s, commencent Ă quitter la ville.
Le 29 novembre, quelques canuts chefs de section se rendent auprĂšs du duc dâOrlĂ©ans, qui fait mine de sâattendrir sur la dĂ©tresse des ouvriers en soie.
Le 1er dĂ©cembre, des dĂ©tachements de lâarmĂ©e qui se rassemblent aux portes de Lyon occupent la GuillotiĂšre et Vaise, Caluire et Cuire et les faubourgs de Saint-Just. LâarmĂ©e fait la chasse aux armes.
Le 2 dĂ©cembre, 20.000 hommes de troupe pourvus dâune puissante artillerie stationnent sous les murs de Lyon.
Le 3 dĂ©cembre, lâarmĂ©e pĂ©nĂštre dans la ville par toutes les barriĂšres. MĂšches allumĂ©es, les canonniers enfoncent les portes grandes ouvertes. Pour loger les troupes, on rĂ©quisitionne tous les Ă©difices publics disponibles. Mais ils ne suffisent pas, et quelques compagnies bivouaquent sur les places des Terreaux et de Bellecour.
Le roi Louis-Philippe les engage à la fermeté, mais leur interdit de recourir à des exécutions capitales. Il se montre trÚs critique vis-à -vis du préfet mais reste prudent sur le tarif.
Le 6 dĂ©cembre, les livrets des ouvriers sont annulĂ©s, ils doivent sâen procurer de nouveaux dans un dĂ©lai de 3 jours. On exige cette fois « un certificat du commissaire de police du quartier habitĂ© par lâouvrier, constatant sa bonne conduite ». Un assez grand nombre dâouvriers, surtout des Ă©trangers, doivent quitter la ville.
Le 7 décembre, le tarif est déclaré nul et non avenu.
Dans les annĂ©es qui viennent, on accĂ©lĂšre les travaux de fortification. Lyon sera entourĂ© dâune ceinture de bastilles : le fort Lamothe, le fort de Montessuy, le fort Saint-IrĂ©nĂ©e⊠Les rĂ©publicains assurent quâils sont dirigĂ©s bien moins contre lâĂ©tranger que contre une insurrection ouvriĂšre.
Retrouvez toutes nos « Histoires et Gognandises Lyonnaises » sur notre calendrier de confinement, ou en podcast : Spotify, Deezer, Apple Podcasts, Soundcloud.